A Tours, près du tombeau de Saint Martin, prospérait une nombreuse et puissante communauté de moines qui avait créé une quinzaine de prévôtés, pour répandre leurs convictions, pour élargir et contrôler leurs domaines, pour assurer le bon fonctionnement des revenus. L’immense prévôté de Suèvres semble avoir compté parmi les plus productives, d’autant plus qu’elle avait fait naître, pour développer l’efficacité du travail local, des prieurés, comme celui du Villiers, tenu par quelques religieux, liés au prévôt. Une charte de 890 mentionne, parmi les possessions du monastère tourangeau : Le Villiers, dont l’église, aux peintures murales remarquables, était alors dédiée à Saint Martin, puisque de La Chapelle il n’était point encore question.
Pour une meilleure organisation administrative et en raison de sa situation plus centrale, à la frontière de la prévôté, apparaît ce qui deviendra le « bourg », longtemps concurrent d’un Villiers, quasiment autonome. Lorsqu’en 1025, les moines récapitulent leurs possessions, ils écrivent que leurs biens s’étendent « jusqu’aux extrémités de La Chapelle Saint Martin et à celles du Villiers ». Pendant des siècles, les Capellans devront en référer, notamment pour les affaires financières et judiciaires, aux fonctionnaires de Suèvres, même si la « Pierre Maille » avait, entre autres fonctions, celle de servir de borne entre les domaines qui se distinguent, de croisement de voies essentielles.
Tandis que les notaires s’installent à Chousy, de grandes familles, souvent étrangères au pays, font exploiter la fertilité du terrain par la mise en place de vastes métairies, exigeant le labeur d’un nombreux et varié personnel. Ainsi, celles des Morvilliers, pourvues plus tard de magnifiques moulins, celles des Deschallard, des De Gallon au bourg.
Jusqu’au XIXème siècle, la commune comptait plus d’un millier d’habitants. Les guerres, les épidémies, les fléaux (sur la vigne), les restructurations du travail ont, en un siècle, soustrait plus de la moitié des résidents. Depuis peu de temps, la courbe semble s’infléchir, d’autant plus durablement qu’aujourd’hui ce sont les jeunes qui forment la majorité des héritiers de l’antique prieuré.
Texte de D.OUGAZEAU